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Au jour le jour

     
  Habituellement quand nous roulons, nous faisons notre cuisine ; ok, disons plutôt que c'est Rita qui s'y colle. Ce qui ne veut pas dire que nous, les gars, on mette les pieds sous la table - vu que de table il n'y a pas. Et nous nous améliorons, côté aide de cuisine. Nos repas sont faits à partir de riz, d'oignons, de légumineuses et de sauce de tamari que nous avons en réserve.  
     
 

 
     
  Quand nous en avons l'opportunité, nous nous arrêtons chez les marchands de pidés (pizza à la turque), de kébabs et autres fritures.  
     
 

 
     
  Nous agrémentons avec tout ce que nous trouvons sur les marchés.  
     
 

 
     
 

 
     
  Le soir quand c'est possible, nous nous arrêtons dans des mocamps, qui sont des campings tout à fait confortables et bien sûr nous dormons dans les deudeuches. A l'intérieur c'est plutôt sommaire. Il faut avancer les deux sièges, passer la bouteille de gaz sur l'un, glisser la plaque de gaz sous un autre et dérouler matelas mousse et duvets. Ça y est, on peut s'allonger. Sur les côtés à l'arrière, on a installé des étagères pour que nos ustensiles et paquets donnent l'impression d'un minimum d'organisation. Pour ce qui est des provisions on a prévu pâtes, riz, soja, tamari. Dans un coin des rouleaux de PQ. Sur les galeries, des pneus et des pièces de rechange. Nous n'en aurons jamais besoin.  
     
 

 
     
  En ce qui concerne le courrier, car nos familles bien qu'elles doivent nous faire une confiance aveugle, ont besoin d'être rassurées. C'est un peu l'expédition pour elles et nous nous attachons à envoyer régulièrement des nouvelles. Pour ça il y a les aérogrammes, ces feuillets légers qui sont expédiés rapidement. Les cartes postales mettront des mois à arriver. De notre côté nous recevons des nouvelles en retour en passant à la poste restante dans les ambassades. Pour les urgences, il y a le télex, de la contraction des mots anglais Telegraph exchange. Mais nous n'aurons pas à y avoir recourt, heureusement.  
     
 

 
     
  Faire des pique-niques et dormir dans les voitures, c'est charmant quand il fait chaud. Mais quand les nuits deviennent froides, c'est moins marrant et ça peut virer au tourment.  
     
 

 
     
  Au nord de l'Iran, vers Machhad, il a neigé et au petit matin il y a des stalactites pendues au plafond des deuches. A l'aube, on démarre en poussant les voitures ; on prend le temps de faire chauffer les moteurs et surtout un café bien chaud qui nous met sur pieds, la goutte au nez, la gorge enrouée et fatigués de la nuit.  
     
 

 
     
  En Afghanistan, à l'entrée d'Hérat, les banques refusent nos "grosses coupures" et les Traveller's chèques de 200$. L'argent, nerf du voyage, nous met face aux changes officiels en banque et la petite combine du marché noir. Nous sommes partis avec des traveller's chèques en dollars et des coupures de 50 et 100 $. Nous ferons du change au coin de la rue à des taux souvent plus intéressants que l'officiel. Mais d'une manière générale, nous éviterons le " noir " souvent risqué. Nous explorons le troc avec les commerçants. J'échange ma montre Kelton, un bac plastique et une boite à pilules contre une tenue locale pour moi et une robe pour Rita. Personne n'y est perdant.  
  Les commerçants sont prêts à acheter tout ce qui vient d'occident: T-shirt, maquillage, jeans, stylos.  
     
  Guillaume et Hubert se relaient à la conduite dans la deuche orange et Rita me laisse le volant. Quelque fois on permute les chauffeurs, histoire de varier les conversations. A l'intérieur un lecteur de K7, qu'il faut mettre à fond pour couvrir le bruit du moteur, massacre les belles mélodies de Cat Steven. Il y a même, un coin lecture.  
     
 

 
     
  En Inde et au Népal, on quittera le home sweet home des 2cv pour les auberges de jeunesse. Enfin un peu de confort.  
     
 

 
     
  Après le Népal nous serons quatre dans la deuche jaune pour descendre jusqu'au à Sri Lanka. C'est une autre organisation. Fini la cuisine ; nous trouvons tout au long des petits restos et des lodges à très bons marché. L'inconvenant c'est que nous restons dans les centres-villes ; et ce sont bien évidement des endroits très bruyants. Il faudra s'y faire. On se reposera à tour de rôle à l'arrière en cours de route.  
     
  Un jour, dans un petit estanco, nous commandons du riz avec des œufs au plats ; on nous les sert sur une feuille de bananier et sur du papier journal. Super. Une fois avalé le repas, la "vaisselle" sera donnée à la vache qui attend dehors, à la fenêtre.  
     
 

 
     
  Nous aurons de bien meilleurs restaurants dont nous ne garderons aucun souvenir.  
     
  Coté entente entre nous, nous avons connu des relations toujours chaleureuses et jamais conflits ne se sont levés entre nous. Il y avait une complicité et une bienveillance qui a fait de ce voyage une tranche de vie toute particulière et infiniment agréable. Nous n'avons pas connu de galères qui auraient pu nous mettre à mal. Les jours ont passé dans un enchainement qui a fait de ce voyage un happy trip.  
     
  Un mot de Guillaume:  
  Denis s'est chargé d'écrire le récit du voyage, Rita en fait la relecture et je me suis plus occupé de la réalisation des pages internet. Je voudrais ici ajouter quelques mots sur cette aventure qui reste pour moi une expérience enrichissante et qui je crois a par la suite un peu influencé sur ma façon de vivre.  
  Cette expérience m'a permis de me pencher davantage sur des valeurs universelles telles que le respect, la solidarité et surtout la tolérance. Tolérance envers des cultures, des règles de société, des croyances tellement différentes et à l'opposé des nôtres que l'on peut se demander si ce qui rassemble les hommes n'est pas en fait beaucoup plus important que ce qui peut les séparer. On est bien sur frappé par la spiritualité profonde et les croyances inconditionnelles très diverses de ces peuples qui peuvent surprendre voire consterner les européens "républicains" que nous sommes. La misère et la pauvreté de certains pays m'ont fait réaliser que nous, occidentaux, sommes des nantis de la terre. Il faudrait que nous tous, sans arrêt à râler, contester, manifester, réclamer, puissions prendre conscience de cela.  
  Un mot sur le groupe. Nous avons passé plusieurs mois ensemble, il nous est même arrivé de nous retrouver à quatre dans une voiture pendant plusieurs jours, et comme le dit Denis plus haut, tout s'est toujours bien passé dans l'équipe. Il y avait une très bonne entente, de la camaraderie, et comme une solidarité instinctive, due peut-être aux risques que pouvait présenter notre périple, et qui ont fait que ce voyage est resté un chaleureux et inoubliable souvenir de jeunesse.  
     
     
 

Il faut voyager pour apprendre, le voyage est fatal aux préjugés,

à l'intolérance et à l'étroitesse d'esprit.   Mark Twain